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Épisode 6: La transformation des paiements par la technologie, avec Ben Harrison, Laurence Cooke, Shirley Matthew et Harinder Takhar

Le Canada a un désavantage concurrentiel puisqu’il n’a pas encore instauré de cadres pour soutenir les nouvelles expériences de paiement, alors que certains sont monnaie courante ailleurs dans le monde. PayTechs of Canada est une nouvelle association vouée à la défense des intérêts du secteur en plein essor des technologies de paiement au Canada. L’animateur Justin Ferrabee reçoit ses membres fondateurs : Ben Harrison, chef des partenariats et de la politique de Portag3; Laurence Cooke, fondateur et chef de la direction de nanopay; Shirley Matthew, vice-présidente des solutions de paiement et des services de cartes du Groupe Peoples; et Harinder Takhar, chef de la direction de Paytm Labs, pour parler de la révolution technologique des paiements qui s’en vient pour les consommateurs et les entreprises du Canada.

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Invités :

Ben Harrison, chef des partenariats et de la politique de Portag3
Laurence Cooke, fondateur et chef de la direction de nanopay
Shirley Matthew, vice-présidente des solutions de paiement et des services de cartes du Groupe Peoples
Harinder Takhar, chef de la direction de Paytm Labs

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Transcription du podcast

Justin Ferrabee: Nous avons tous entendu parler des entreprises de technologie financière et des innovations qu’elles apportent au secteur des services financiers. Mais qu’en est-il de la technologie des paiements? De la possibilité de réinventer les paiements du tout au tout pour les consommateurs comme pour les entreprises? Le Canada a un désavantage concurrentiel puisqu’il n’a pas encore instauré de cadres pour soutenir les nouvelles expériences de paiement, alors que certains sont monnaie courante ailleurs dans le monde. Au moment de la modernisation de son système de paiements national et des analyses et discussions concernant la réglementation, le Canada se trouve à un point d’inflexion. Il faut agir maintenant et s’assurer d’avoir les assises nécessaires pour prendre les devants en matière de paiements et ne pas manquer ce qui se passe ailleurs.

Au cœur de l’action se trouve Paytechs of Canada, une organisation lancée au SOMMET 2019, le plus grand congrès canadien sur les paiements. Paytechs of Canada cherche à accroître la connaissance et la notoriété du secteur de la technologie des paiements dans le but ambitieux d’offrir aux Canadiens la meilleure expérience de paiements du monde et d’améliorer l’avantage concurrentiel du pays en la matière. J’accueille aujourd’hui un groupe d’élites du secteur des paiements, soit les membres fondateurs de Paytechs of Canada : Ben Harrison, de Portag3; Harinder Takhar, de Paytm Labs; Laurence Cooke, de nanopay; et Shirley Matthew, du Groupe Peoples, qui se joint à nous depuis la Colombie-Britannique. Merci d’être des nôtres aujourd’hui pour un nouvel épisode de PayPod.

Alors, la technologie des paiements, c’est quoi?

Ben Harrison: La technologie des paiements est aux paiements ce que la technologie des assurances est aux assurances, et la technologie du patrimoine, à la gestion de patrimoine, et ainsi de suite. Mais je pense qu’essentiellement, son objectif est d’offrir de nouvelles expériences et de nouveaux types de produits et de services aux consommateurs et aux petites entreprises.

Justin Ferrabee: Et quel problème cherche-t-on à résoudre grâce à la technologie des paiements?

Laurence Cooke: À mon avis, le problème qu’on cherche à résoudre grâce à la technologie des paiements est fondamentalement différent de celui de plusieurs banques. Si l’on pense à l’économie à la demande, tout a changé, tout s’est Uber-isé, tout sauf les paiements eux-mêmes. En ce moment, on s’en remet entièrement aux banques, qui utilisent en fait très peu la technologie, pour effectuer des paiements, et la technologie des paiements annonce l’Uber-isation des paiements.

Justin Ferrabee: Harinder, comment le Canada se compare-t-il aux autres pays?

Harinder Takhar: C’est une question intéressante. Nous avons de l’expérience à l’étranger, du moins de l’expérience directe à titre d’entreprise, plus précisément en Inde et au Japon. Ce qui me frappe le plus, c’est que les gens doivent encore composer avec un système de paiements relativement archaïque. Je pense que c’est un travail de longue haleine. La plupart des pays ont réalisé ce travail, et tous planifient de le faire. Je crois que le Canada commence à en discuter, mais il est un peu en retard. Quelqu’un qui achète quelque chose dans une boutique doit encore manipuler de la monnaie ou d’autres instruments de paiement, ce qui indique que la monnaie numérique n’est pas encore au premier plan au Canada. Je pense que c’est le consommateur qui en fait les frais, que ce soit pour les paiements courants, les paiements au détail ou même d’autres paiements. Quant aux entreprises, bien sûr, la vitesse des paiements, de même que la commodité des paiements entre entreprises ou aux clients, est aussi assez lente.

Justin Ferrabee: Shirley, à votre avis, quelles sont les possibilités de la technologie des paiements au Canada et à l’international?

Shirley Matthew: C’est une très bonne question, Justin. Au Canada, les possibilités sont nombreuses pour la technologie des paiements. Jusqu’à maintenant, les institutions financières ont fourni d’excellents services financiers et de paiements aux Canadiens. Cependant, je crois qu’elles traînent la patte quant à l’adoption des nouvelles technologies, qui offrent de multiples possibilités de produits et services novateurs, et qu’il en va de même à l’international.

Justin Ferrabee: Je fais tout le temps des paiements, et je ne suis pas sûr de bien comprendre le problème. Quels sont les irritants des paiements au Canada?

Harinder Takhar: De temps en temps, je sors dîner avec mes collègues. Bien entendu, je suis le seul bouffon sans argent liquide, et je dois trouver un moyen de les rembourser. Je ne sais vraiment pas comment m’y prendre sans leur demander une panoplie de renseignements inutiles et entreprendre une démarche à plusieurs étapes.

Laurence Cooke: Vous pourriez faire un chèque.

Justin Ferrabee: Qui sera bloqué après qu’ils l’aient gardé dans leur sac cinq jours.

Laurence Cooke: Je n’en reviens pas à quel point il peut être difficile d’effectuer les opérations les plus de base. Une fois, je devais envoyer 5 € à quelqu’un, et je ne pouvais le faire que par télévirement. Le télévirement de 5 € m’a coûté 35 $, et je me suis dit que quelque chose cloche quand une opération coûte plus cher que le montant envoyé. On envoie beaucoup de télévirements, et pour ce faire, les petites entreprises doivent même se présenter en personne. Ce n’est pas le cas aux États-Unis ni à beaucoup d’autres endroits, mais au Canada, les petites entreprises qui n’ont pas de services de gestion de trésorerie doivent se présenter en personne, et en moyenne, un télévirement prend environ 9 minutes.

En plus, quand je me rends à ma succursale bancaire, je dois faire la file – et j’habite à Liberty Village, alors il y a toujours une file –, et quand c’est enfin mon tour, le télévirement prend 9 minutes. Parfois, le télévirement échoue, il ne fonctionne pas. Je me dis alors, comment est-ce possible? J’ai déjà envoyé un télévirement à la même personne. La banque a un modèle. Tout est exactement pareil, je fais exactement la même chose, et cela ne fonctionne pas. Mais mon exemple le plus extrême, c’est quand nous avons obtenu du financement pour la première fois. Une grande institution financière américaine a investi dans notre entreprise, et elle a envoyé l’argent deux fois, parce que nous devions aussi conclure une acquisition. Quand le deuxième virement est arrivé, nos avocats nous ont appelés.

Nous avions déjà conclu l’entente et tout était clos. Nos avocats nous ont appelés, et nous ont dit : « Nous avons reçu l’argent une deuxième fois; que voulez-vous que je fasse? » J’ai alors répondu : « Eh bien, renvoyez l’argent. » Environ 10 minutes plus tard, je reçois un appel de l’institution, et on me dit : « Nous avons envoyé l’argent deux fois. Pourriez-vous nous retourner le deuxième virement? » Il était question de plus de 10 millions de dollars. J’ai répondu : « Oh, je pensais que le deuxième venait de mon compte personnel. » Sur le coup, je me trouvais très drôle, mais quand nous ne trouvions plus l’argent, ce n’était plus drôle.

Notre investisseur m’appelle et me demande : « Où êtes-vous? » Et je réponds : « Je suis à Toronto, pourquoi? » Et il me dit : « Bien, je suis content que vous ne soyez pas aux Antilles ou en Afrique, ou que vous ne soyez pas disparu avec notre argent. » Et je dis : « Non, non, non. Je vous ai renvoyé l’argent, je vous le jure. » Au bout du compte, il nous a fallu 11 jours pour trouver un télévirement allant d’une grande institution financière de Toronto à une autre à New York. Onze jours! Il était simplement disparu, et personne ne savait où il était.

Shirley Matthew: Je suis tout à fait d’accord avec ce que dit Laurence. Il n’y a aucun moyen d’assurer le suivi de l’argent. Si vous tenez vraiment à essayer, vous devez téléphoner à tout le monde et à sa mère, et encore, personne ne sait où se trouve l’argent. Et 11 jours, ce n’est probablement pas si mal dans certains cas, parce l’argent arrive quand il arrive, et on ne sait pas ce qu’il vaudra à son arrivée. Comme dans l’histoire de Laurence, un ami qui me devait de l’argent m’a envoyé une somme, environ 100 $, il me semble. Quand je l’ai finalement reçue, elle était de 75 ou 70 $, et voilà pour mon argent. C’est coûteux, c’est lent, c’est horripilant, et l’argent disparaît, et on ne peut rien y faire… c’est un vrai problème. Et de nos jours, beaucoup de gens doivent effectuer des paiements internationaux. Beaucoup de personnes qui ont immigré partout dans le monde veulent envoyer de l’argent à leur famille, et chaque fois, ça leur coûte très cher.

Ben Harrison: Les transferts d’argent… La plupart des Canadiens ont plusieurs comptes bancaires auprès de plusieurs institutions. Le processus d’essayer de transférer de l’argent à temps d’un compte à un autre quand il faut faire un paiement rapidement depuis l’un des comptes… Récemment, nous avons fait une grande acquisition et vidé en grande partie un compte bancaire. Mais des paiements devaient en être débités, et nous n’y avions pas pensé sur le coup. Nous devions donc y transférer de l’argent, et il a fallu de trois à cinq jours pour encaisser le chèque qui venait de… Beaucoup de Canadiens ne connaissent pas mieux que ce genre d’expériences.

C’est ainsi qu’ont vécu les Canadiens toute leur… c’est leur expérience.

Justin Ferrabee: Alors vous vous êtes rassemblés et avez décidé de créer une association d’entreprises de technologies de paiement, soit Paytechs of Canada. D’où vient l’idée, et quels sont vos objectifs?

Ben Harrison: Il me semble que l’idée de cette organisation vient d’une réunion – à laquelle ont participé plusieurs personnes ici présentes – organisée par une certaine Wendy MacKinnon. Nous discutions des problèmes et des défis relatifs aux technologies de paiement au Canada. Ensuite, il me semble que la discussion a mené à la prise de conscience qu’il y avait de plus gros problèmes sous-jacents auxquels s’attaquer, lesquels constituent les grands thèmes d’aujourd’hui entourant les paiements, comme le cadre de surveillance des paiements de détail, les systèmes bancaires ouverts, l’initiation des paiements et les paiements en temps réel. Il s’agit de thèmes majeurs qui remodèleront de fond en comble non seulement les paiements, mais aussi les services financiers canadiens. À la réunion, ce qui brillait par son absence, c’était une sorte de voix unie des diverses entités présentes, qui ont franchement le plus à gagner – et, je crois, le plus à perdre – à faire partie ou non de cette discussion.

Je pense que c’est surtout la prise de conscience de ce manque, du manque d’une voix qui représente le secteur, qui représente ces organisations dans l’élaboration de politiques, qui a constitué la genèse du groupe. L’étape suivante, c’était la conquête : allons parler à tout le monde, allons voir si les autres sont prêts à investir pour créer cette association. Et nous voilà.

Justin Ferrabee: Y a-t-il beaucoup d’entreprises de technologie des paiements au Canada? D’accord. Est-ce un secteur d’importance?

Laurence Cooke: Il y aurait environ mille entreprises de technologie financière, et je pense qu’une bonne partie d’entre elles concernent en fait la technologie des paiements. Mais comme le disait Ben, ce qui rend le secteur si important, c’est qu’en soufflant dans les voiles de quelques entreprises de technologie des paiements seulement, on aide l’ensemble du secteur, y compris toutes les entreprises de technologie financière, et même les banques. Énormément d’entreprises, au-delà des entreprises de technologie financière environnantes, tireront profit du fait d’avoir une voix unie et des données pertinentes sur ce qui se passe. Vous avez demandé combien il y a d’entreprises de technologie des paiements, mais je ne suis même pas en mesure de vous donner de réponse nette.

Justin Ferrabee: Il y a un début à tout. À quel point est-ce important? N’est-ce pas? D’accord.

Harinder Takhar: À ce sujet, je pense que beaucoup d’entreprises de technologie des paiements qui auraient pu fonctionner n’existent pas vu l’état de l’infrastructure, qui pourrait être plus souple, meilleure. Et à mon avis, le plus intéressant, c’est ce qui pourrait se produire quand ce sera le cas. 

Justin Ferrabee: Alors, ce que vous dites, c’est qu’on a perdu, qu’on ne connaît même pas l’envergure actuelle du secteur ni celle qu’il aurait pu atteindre à cause de notre infrastructure et de son accessibilité?

Harinder Takhar: Voici un exemple. En Inde, un mois après le lancement des services bancaires ouverts, il y avait 80 applications pour iPhone, Android, etc. C’est un exemple de l’explosion qui survient quand quelque chose est bien fait.

Justin Ferrabee: Ben, vous avez introduit plusieurs thèmes. Il s’agit de thèmes assez vastes à explorer. Quel est votre objectif?

Ben Harrison: Je pense qu’avant tout, nous devrons être réalistes au sujet des objectifs à court terme de cette organisation. Je veux dire, nous commençons à partir de rien, littéralement. Mais ce qui nous aide, comme vous le disiez à l’instant, c’est qu’il y a de grands thèmes vers lesquels diriger nos efforts et nos réflexions. Nous aimerions bien réaliser quelques objectifs d’ici 12 mois, le principal étant probablement de définir ce que seront les FSP tout en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que cette définition soit aussi inclusive qu’elle devrait l’être, aussi inclusive que le Bureau de la concurrence a suggéré qu’elle devrait l’être dans le cadre de son étude de marché sur les technologies financières de 2017. C’est donc certainement un des objectifs, je pense, de répondre à quelques questions de base comme mentionné à l’instant, par exemple : « Combien y a-t-il d’entreprises de technologie des paiements au Canada? Comment échangent-elles des renseignements? »

Je trouve drôle qu’à chacune de nos réunions de groupe pour élaborer des plans et des stratégies, quelqu’un signale un changement dans une politique ou une décision dont personne d’autre d’entre nous n’était au courant. C’est pourquoi nous pensons que le secteur de la technologie des paiements profiterait d’un échange de renseignements, du fait que les gens soient plus au fait en général, car plus il est informé, plus il aura de poids pour commencer à se représenter dans les discussions sur ces grands thèmes.

J’aimerais souligner que nous aimerions représenter le secteur – ce que nous ferons –, et que nous aimerions faire avancer les choses et réussir en matière d’initiation des paiements et, partiellement, de services bancaires ouverts, mais qu’il y a bien une douzaine d’étapes. Je pense qu’il faut encore répondre aux questions : « Instaurerons-nous les services bancaires ouverts au Canada? À quoi ressembleront-ils? » Je trouve assez intéressant que l’initiation des paiements soit disparue des discussions d’aujourd’hui sur les services bancaires ouverts. Je pense qu’il s’agit d’une décision stratégique pour essayer de garder le processus sous contrôle. C’est un exemple de ce sur quoi un groupe comme le nôtre pourrait intervenir.

Justin Ferrabee: Si vous aviez fait partie du débat, auriez-vous pu dire : « Ne laissez pas tomber cet aspect »?

Ben Harrison: Oui, mais personne d’autre n’intervient. Personne ne plaide : « Non, non, nous devons faire cela. » Tous les autres pays qui ont implanté des services bancaires ouverts, excepté l’Australie, ont progressé avec l’initiation de paiements. Et je comprends : nous n’avons pas de paiements en temps réel aujourd’hui.

Toutes les étapes sont là, mais si personne n’en parle, personne ne s’en préoccupera à Ottawa. Et je pense qu’on peut jouer un rôle important dans la conscientisation du public à l’égard de ces problèmes, parce qu’ils sont importants. Plusieurs personnes, comme Harinder et Laurence, qui ont discuté avec des fonctionnaires ont constaté que ces derniers veulent voir de l’innovation, des nouveautés. Ce groupe peut agir comme catalyseur en ce sens.

Justin Ferrabee: Alors, Laurence. Vous avez travaillé 10 ans dans le secteur sans fil, et aujourd’hui, vous travaillez dans le secteur des paiements. Parlez-nous de cette transition.

Laurence Cooke: Tout d’abord, je crois que la technologie sans fil et les télécommunications en général, ainsi que la technologie des paiements, sont des bases indispensables pour entrer en concurrence sur le plan économique. Un pays aux infrastructures de télécommunications et de paiements inefficaces ne peut faire concurrence aux autres pays. Il s’agit donc d’une condition incontournable, mais pas de la seule, pour réussir sur le plan économique à l’international, c’est-à-dire de devenir de plus en plus concurrentiel. En effet, si le système de paiements de l’Inde est de loin meilleur que celui du Canada, alors c’est plus facile d’y faire des affaires qu’au Canada. Si celui des États-Unis est supérieur au nôtre, le commerce traverse la frontière en amenant tout avec lui. Ainsi, notre pays ne peut faire concurrence sans une infrastructure de paiements adéquate, qui est donc indispensable et centrale à notre succès.

Justin Ferrabee: Harinder, Paytm est une grande entreprise, et le principal acteur en Inde aujourd’hui. Et maintenant, vous installez vos laboratoires ici. Pourquoi ici, et qu’attendez-vous du Canada?

Harinder Takhar: On m’a posé cette question au moins une fois par semaine depuis/

Justin Ferrabee: Moi qui me trouvais original!

Harinder Takhar: C’est arrivé parce que, je dirais, différentes choses qui convergent tout particulièrement à Toronto nous ont littéralement sauté à la figure par hasard. D’abord, Toronto renferme plusieurs universités, ce qui attire beaucoup de talents. Ensuite, le secteur bancaire d’ici est vraiment grand, sérieux et stable, ce qui réunit en un même lieu les experts en services bancaires, en services financiers et en technologie de manière admirable. Comme notre entreprise grandissait à vitesse fulgurante en Inde, nous voulions nous doter de tous les moyens d’améliorer notre produit, notre technologie et tout. Nous avons donc entamé nos activités au Canada dans le but de contribuer à l’élaboration de plateformes de pointe pour notre entreprise en Inde. C’était tout pendant les deux premières années, mais en ayant les pieds sur le sol canadien, nous nous sommes rapidement rendu compte que certaines choses ici pouvaient être améliorées.

Justin Ferrabee: L’infrastructure du Canada n’est donc pas celle de l’Inde.

Harinder Takhar: Évidemment, mais notre petite entreprise en démarrage audacieuse et ambitieuse ne s’en préoccupait pas; nous avons pris notre essor de toute manière. Nous avons par exemple observé une tâche très commune dont tous les Canadiens doivent s’acquitter : le paiement de factures. Nous avons commencé par là, et aujourd’hui, nous lançons l’aspect commercial de l’entreprise. Nous croyons que le Canada a un immense potentiel qui ne présente aucun inconvénient. Par exemple, nous avons remarqué qu’en Inde, plusieurs lacunes de l’économie sont laissées en plan par les acteurs du secteur là-bas à cause de la structure en place et parce qu’ils ne sont pas au fait de la technologie, ou de son potentiel, de ce qu’elle peut accomplir aujourd’hui.

Nous croyons qu’il y a là un immense potentiel. Par exemple, l’accès aux systèmes de paiements, l’accès au capital… Supposons un petit commerçant sans antécédents en matière de crédit ni grand revenu annuel; le servir ne serait pas rentable vu le coût opérationel des systèmes en place. Il peut s’agir d’un petit commerce, ou d’un individu qui a peu d’argent, mais il n’a pas moins besoin de capitaux que d’autres pour autant et ne tirerait pas moins profit du fait d’avoir accès à du capital, aux systèmes de paiements et à toute l’infrastructure.

Je pense donc que notre rôle est de rendre le tout accessible au moyen de la technologie. Et plutôt que de (inaudible 0 h 18 min 31 s) après 10 ans dans le secteur, cela n’enlève rien, même qu’au contraire, c’est un plus pour l’économie tout entière, et cela nous rend beaucoup plus concurrentiels à l’échelle nationale. Ainsi, aujourd’hui, nous sommes au cœur de la conversation au sujet de la réglementation au pays, tout en nous rappelant qu’en tant qu’acteur de poids, nous devons nous assurer de ne pas entraver l’avènement de la prochaine génération d’innovation.

Justin Ferrabee: Excellent. Vous avez donc parcouru le monde individuellement pour vous rendre compte, en vous voyant les uns les autres, que vous travaillez tous dans les paiements et essayez tous de réaliser la même chose. Vous vous regroupez et remarquez des points en commun non seulement quant aux services fournis, mais aussi dans la manière d’aider les autres entreprises de technologie financière; pas comme fournisseurs, mais comme partenaires sur un plan plus élevé. Vous vous occupez de l’infrastructure, ce qui stimule l’économie canadienne, et vous faites le lien avec les différences internationales de capacité et d’infrastructure. Shirley, vous avez consacré beaucoup de temps à influencer les décideurs. Quand vous considérez cette nouvelle proposition et le défi qu’elle représente… Qui s’y opposerait? Elle semble parfaite. Pourquoi… Qui pourrait résister ou hésiterait à vous donner tout ce qu’il faut?

Shirley Matthew: J’espère ne pas être naïve en pensant qu’il n’y aura aucun opposant au Canada. Ce serait absurde de s’opposer. Notre objectif est d’offrir au Canada la meilleure expérience de paiements du monde. Ce dont nous avons discuté, par contre, ce sont des volets que nous… ou plutôt des gens que nous pensons devoir influencer et convaincre, parce qu’il y a beaucoup de mouvement en ce moment dans le secteur. Il y a l’examen réglementaire, et aussi votre travail quant aux paiements en temps réel et à la modernisation. Nous croyons donc qu’avec tout ce qui se passe actuellement, beaucoup peuvent ne pas avoir de vue d’ensemble de ce que sont les paiements, et nous aimerions avoir l’occasion de leur expliquer afin qu’ils puissent prendre de meilleures décisions qui profiteraient à tout le secteur.

Pour ce faire, nous envisageons aussi de montrer la voie à suivre et de transmettre nos connaissances. Quant à ce que vous disiez, nous voulons vraiment modifier l’infrastructure de sorte qu’elle profite à tous, pas seulement à une partie de l’écosystème. Nous voulons vraiment… Nous avons parlé de représentation et d’être axés sur les solutions. Ce que nous voulons faire, c’est de présenter ces solutions aux décideurs pour qu’ils puissent les considérer au moment de prendre des décisions qui touchent tout le monde, y compris tous les Canadiens qui font des paiements.

Justin Ferrabee: Bon, je vois l’idée : la technologie financière, Silicon Valley et des jeunes branchés qui inventent des choses géniales à la vitesse du tonnerre, qui connaissent une croissance fulgurante et qui gagnent une fortune. Est-ce de cela qu’il est question? Ces gens s’intéressent-ils avant tout à leur propre gain? Ont-ils ce qu’il faut pour gérer un système de paiements dans la réalité? Les systèmes de paiements doivent être sûrs, fiables et sécuritaires; il y a des choses extrêmement importantes dans une telle infrastructure. Parlez-moi des entreprises de technologies de paiement et de ce qui nous attend. Ont-elles la capacité de tenir la promesse dont vous parlez?

Laurence Cooke: Dans l’ensemble, Paytm a plus de clients que n’importe quelle banque canadienne. Alors a-t-elle la capacité de réaliser quelque chose à grande échelle? Absolument. Du côté de la Chine, Alipay et WeChat Pay ont bien plus de clients que les plus grandes banques du monde combinées. Alors une entreprise de technologie des paiements peut-elle offrir ce qu’une banque offre aujourd’hui? Oui. Peut-elle en offrir une meilleure version, plus rapide, moins chère? Absolument. Du coup, je ne pense pas qu’il ne soit question que d’une bande de hippies, et de notre côté, nous sommes particulièrement intéressés à être réglementés. Nous appuyons la réglementation.

Justin Ferrabee: C’est contre-intuitif.

Laurence Cooke: Nous appuyons la réglementation. Nous voulons que la barre soit haute et affirmer que l’avons franchie, que nous sommes en mesure de prendre soin de nos clients. Nous ne voulons pas être perçus comme des malotrus qui comptent s’enfuir avec l’argent des gens. Nous ne sommes pas des fous des cryptomonnaies ni… Tout le monde qui s’énerve à l’idée de perdre les clés privées, ce genre de choses. Aucun d’entre nous ne fait des affaires de ce genre. Il s’agit d’entreprises légitimes qui visent à améliorer et à accélérer les paiements ainsi qu’à diminuer leurs coûts au moyen, surtout, des paiements riches en données, ce qui n’a pas encore été fait au Canada.

Ben Harrison: Nous n’avons pas le soutien des organismes de réglementation ni celui des décideurs politiques… Du coup, je pense que le groupe accordera une grande importance, entre autres, à l’aspect réglementaire de la discussion, à la sûreté et à la fiabilité, au fait que les principaux éléments d’un système de paiements sûr sont régis par un cadre de surveillance réglementaire rigoureux. Ce sont toutes des composantes indispensables à la réussite d’un nouveau système de technologie des paiements, et leur effet sera d’écarter les organisations qui ne devraient probablement pas faire partie du milieu et d’appuyer celles qui sont en mesure d’élever la barre du marché. Dans certains cas, cela donnera des ailes aux gros joueurs et incitera les autres à se perfectionner.

Harinder Takhar: Je pensais à ce que vous avez dit, Ben, parce que j’ai dû faire cette démarche hier. Pourquoi pense-t-on que de mettre de l’argent dans une enveloppe et de la mettre dans un guichet automatique est une bonne chose? Cela entraîne énormément de risques et toutes sortes de problèmes. Pour une raison ou une autre, nous nous y sommes habitués, sauf qu’en 2019, on devrait rire du fait qu’on continue à procéder ainsi. Et c’est exactement ce que j’ai fait.

Nous pouvons y changer quelque chose. Mais je pense qu’il devrait y avoir une conversation sur la bonne chose à faire compte tenu du fait que nous sommes en 2019, et que ce n’est pas parce qu’une chose existe qu’elle doit continuer d’exister.

Justin Ferrabee: Cela paraît donc bien plus complexe qu’en apparence quand on creuse un peu. Quel est le lien entre ce que vous faites et les entreprises et les banques qui connaissent les paiements, qui font des paiements et qui ont la confiance des Canadiens en la matière? Quel est le lien avec tout cela, avec l’infrastructure financière en place?

Ben Harrison: Quel est le lien? Pour revenir à votre première question, qu’est-ce que la technologie des paiements? Je pense qu’on pourrait argumenter que la technologie des paiements n’est pas du domaine de ces remarquables nouvelles entreprises, qu’elle concerne plutôt les acteurs établis du fait qu’elle touche à la structure fondamentale de notre système de paiements, et que les quelques organisations qui ont le contrôle de cette structure ont des volets de technologie des paiements. Je pense que la situation a plusieurs… que l’on choisit son parcours, en quelque sorte, par rapport à… On aura… Avec la bonne infrastructure, les entreprises de technologie des paiements pourraient se faire concurrence, comme c’est parfois le cas au sein du groupe. D’autres entreprises travailleraient auprès des acteurs en place afin de les aider. À mon avis, il y a plus d’un bon parcours. Je pense qu’il est irréaliste de s’attendre à ce que l’infrastructure de marché d’aujourd’hui engendre une nouvelle vague de concurrents.

Certaines entreprises vont réussir et ainsi devenir des concurrents notables. Et encore, je pense que le volet de l’initiation des paiements amplifiera cette tendance. Mais dans notre organisation, des entreprises de technologie des paiements travailleront aussi auprès des banques pour les outiller. C’est d’ailleurs un sujet dont nous avons discuté : que ferions-nous si une grande banque voulait se joindre à nous? À cet égard, nous avons une idée claire des problèmes importants, et nous ne refuserons pas quiconque est du même avis et veut être un membre.

Harinder Takhar: Un point que nous avons remarqué, c’est que le marché tout entier grandit, et que tout le monde, tout le monde en profite. C’est la nature même de la technologie : on fait quelque chose tellement mieux qu’on est tous propulsés par l’avancée. On crée des moyens d’évaluer la capacité de prêt, disons, d’un commerçant en particulier, et ces moyens profitent à tout le monde qui prête. Cela dit, qui sont les plus grands prêteurs de l’ensemble du marché capitaliste? Les banques. Du coup, elles en profitent aussi. Ce n’est qu’un exemple. Des représentants des plus grandes banques de l’Inde et du Canada participent à nos comités consultatifs, et ainsi de suite. Donc pour moi, cette question ne se pose pas du tout. Je ne pense pas que ce soit David contre Goliath ni un jeu à somme nulle.

Justin Ferrabee: Shirley, vous vous situez quelque part au milieu de tout cela. Le Groupe Peoples est une institution financière, peut-être pas la plus grande du Canada, mais une institution financière tout de même. Comment envisagez-vous le déroulement de tout cela?

Shirley Matthew: Eh bien, la vision, la mission du Groupe Peoples est de répondre et de dépasser les attentes de ses clients en offrant des produits financiers exceptionnels à des marchés en particulier. Ainsi, nous réfléchissons déjà à la manière de fonctionner des entreprises de technologie des paiements, et travaillons étroitement avec les entreprises de technologie financière et de technologie des paiements à l’heure qu’il est. Nous reconnaissons néanmoins que beaucoup de choses font obstacle même aux petits joueurs comme nous. Comme vous le disiez, nous ne sommes pas exactement la plus grande banque du Canada, et par conséquent, nous composons nous aussi avec des restrictions. Aussi longtemps que le système de paiements demeure sûr et fiable, nous croyons que la concurrence est une bonne chose. Nous sommes donc très heureux de faire partie du conseil de Paytechs of Canada et aspirons à la modernisation. Nous cherchons plus d’occasions d’offrir un meilleur système de paiements aux Canadiens.

Laurence Cooke: De notre point de vue, c’est une occasion de collaborer avec des banques de différents secteurs tout en leur faisant concurrence. Je pense qu’on a perdu de vue le vrai rôle d’une banque dans une économie, qui est de prêter. Elles font de l’argent à partir de rien. On dépose 100 $ dans une banque, et elle les transforme en 1 000 $. Elles font donc ce tour de magie, contrairement aux entreprises de technologie financière, qui ne font que faciliter les transferts d’argent. Or, si celles-ci le font mieux que les banques, les banques devraient les laisser s’en occuper. Pour faire une analogie avec le secteur du sans fil et l’initiation de paiements, imaginez à quel point les téléphones cellulaires seraient inutiles s’il était impossible d’appeler quelqu’un sur un autre réseau. Ils ne pourraient servir nulle part à l’étranger. C’est juste incroyable!

Justin Ferrabee: Il m’arrive d’espérer que ce soit le cas/ [interférence 0 h 29 min 17 s]

Laurence Cooke: Mais ce serait dingue de ne pas pouvoir faire cela sur un téléphone cellulaire. De fait, demander que l’initiation des paiements se fasse par un tiers semble aller de soi. C’est de toute évidence la chose à faire. C’est probablement là qu’on devrait commencer.

Harinder Takhar: Je pense que certaines entités aiment quand l’argent est entreposé en sûreté à un endroit en particulier, tandis que les entreprises de technologie des paiements – c’est un point commun – préfèrent quand l’argent se déplace d’un point à l’autre. Il y a donc une tension intrinsèque.

Ben Harrison: Oui, et l’autre élément en jeu est la question des consommateurs. Je pense qu’on en discute aussi du côté des services bancaires ouverts. Les gens demandent : les consommateurs en veulent-ils vraiment? C’est la même chose qu’au temps de Henry Ford : quand on demandait aux gens ce qu’ils voulaient, ils répondaient qu’ils voulaient un cheval plus rapide. Cela dit, il reste pas mal de chemin à faire pour faire comprendre aux gens ce qu’ils pourraient avoir comme expériences, produits et services. Je veux dire, le Canada s’est en quelque sorte isolé, et en tant que population, si l’on compare notre adoption de la technologie financière à celle du reste du monde, du moins du monde développé, nous sommes très en retard.

Au fil de la discussion sur nos projets quant au gouvernement et à l’engagement du secteur, il ne faut jamais perdre de vue l’objectif central : faire quelque chose d’utile et de profitable pour les consommateurs. Le défi, c’est la réalisation. On parle de mettre en place une infrastructure à cet effet, mais ce n’est qu’à l’étape de l’implantation que les gens peuvent vraiment constater les résultats et les comprendre. C’est pourquoi nous voulons essayer d’aider les consommateurs à comprendre ce qu’ils manquent. 

Justin Ferrabee: J’ai entendu dire que quand Google a créé Google Maps, il n’avait pas imaginé Uber. Mais [interférence 0 h 31 min 14 s], quelque chose apparaît, et c’est alors que l’on sait de quoi il s’agit.

Ben Harrison: Exactement.

Justin Ferrabee: Donc, adopter un tel changement, c’est difficile, même pour les entrepreneurs et les propriétaires qui en bénéficieraient de toute évidence. Mais vous me donnez l’impression qu’il y a quelque chose d’autre. Où trouvez-vous cette énergie, et comment faites-vous pour essayer de changer et améliorer les choses sans perdre courage, alors que vous pourriez laisser tomber et faire quelque chose qui n’est pas si difficile? 

Harinder Takhar: Personnellement, j’ai toujours détesté manipuler de la monnaie dans mon portefeuille, et c’est une réaction très émotionnelle à la solution, parce que quelque part, dans son cœur, il faut y croire. C’est de là qu’on puise son énergie. Je n’ai pas mis d’argent liquide dans mon portefeuille depuis 15 ans, ce qui m’a occasionné des problèmes à plusieurs endroits, mais c’est un choix personnel. Je suis allé jusqu’à placarder une affiche dans mon bureau, sur laquelle j’ai mis quelques billets de monnaie, et j’ai dit : « Je les rendrai désuets. »

Ça me rappelle ce en quoi je crois, et je pense que nous avons fait assez d’efforts en Inde, comme entreprise, pour y arriver. Je pense que la situation du Japon sera très importante avant les Jeux olympiques de Tokyo 2020. C’est ce qui me donne l’énergie de me lever chaque matin, de me battre pour cette cause et de faire en sorte que le combat en vaille la peine. Je veux dire, je devrais avoir de la monnaie sur moi au centre-ville de Toronto – on parle du centre-ville de Toronto. Ce n’est pas une bonne chose, et je crois avoir l’énergie et la motivation pour continuer de me battre pour le changement aussi longtemps qu’il le faudra.

Ben Harrison: Le moment n’a jamais été plus propice à ces discussions compte tenu, comme mentionné quelques fois, que les décideurs politiques du Canada examinent les grands thèmes des services bancaires ouverts; de l’examen de la LPRPDE et de l’échange de données, et de la grande question de la protection des données personnelles; du cadre de surveillance des paiements de détail; et de la définition d’un FSP. Nous devons agir très vite. Ces discussions ne datent pas d’hier, même que plusieurs sont assez avancées, comme celle de la modernisation, évidemment. Le meilleur moment pour lancer et mettre en branle ce groupe aurait probablement été l’an dernier, mais sinon, le meilleur moment, c’est maintenant; et ainsi, la conjoncture actuelle constitue pour nous une situation parfaite pour ajouter cette voix amplifiée à la table au nom des entreprises de technologie des paiements au Canada.

Laurence Cooke: Pour ma part, je pense être un bâtisseur inné. J’aime construire quelque chose à partir de rien, puis prendre du recul et constater ma création. Et je pense que si nous pouvons faire cela à l’échelle nationale, nous pouvons créer une infrastructure qui permettra à l’innovation de croître, de prospérer et de catalyser une nouvelle génération d’innovateurs. Nous pouvons alors garder nos meilleurs talents plutôt que de les perdre aux États-Unis, stimuler l’économie, assurer une certaine croissance et une certaine innovation ici même, enthousiasmer les gens... Nous pouvons instaurer une tout autre dynamique ici. C’est un milieu incroyable, et comme a dit Harinder, au centre-ville de Toronto, on trouve toute la technologie et toutes les banques. Si cela ne fonctionne pas ici, cela ne fonctionnera jamais où que ce soit. Allez! Je veux dire, c’est la chose la plus excitante au monde, et on s’assoit pour débattre de qui a accès au système de paiements et si l’on peut initier un paiement sur un autre réseau. C’est incroyable. Passons à l’action et faisons-le, c’est tout!

Justin Ferrabee: L’enthousiasme est palpable, je le sens. Alors que se passe-t-il cette année? Allons-nous voir des piquets sur la Colline du Parlement, ou quoi? Comment ça se passe?

Ben Harrison: Je pense que notre priorité, cette année, est de consolider notre organisation. Ainsi, le conseil travaille actuellement à la stratégie et à la planification et cherche un directeur général. Il nous faut une infrastructure de base. Nous y travaillons tout en repérant les grands thèmes pour lesquels nous représenterons le secteur, et nous avons touché à la plupart d’entre eux. En grande partie, le mandat de l’organisation est de parler au nom du secteur et de nous assurer que les organismes de réglementation et les décideurs politiques connaissent et comprennent le point de vue de l’organisation.

Justin Ferrabee: Cette voix très optimiste sera la bienvenue au Canada, et le fait de l’unifier de manière cohésive et en fonction des priorités sera très utile. Pour conclure cette conversation, je vais vous demander à chacun de me dire quel est votre plus grand espoir quant au système de paiements du Canada. Shirley, commençons par vous : quel est votre plus grand espoir pour le système de paiements du Canada?

Shirley Matthew: Donc, mon plus grand espoir… J’espère voir, au Canada, un secteur des paiements concurrentiel, dynamique, sûr et fiable qui permettrait de profiter des avantages de l’innovation afin d’offrir la meilleure expérience de paiements possible aux Canadiens, c’est-à-dire des paiements plus rapides à faible coût. C’est ce que j’aimerais voir.

Harinder Takhar: À mon avis, l’accès aux services financiers de base devrait presque être un droit de la personne. Non seulement il s’agit d’un droit de la personne, mais aussi de l’élément le plus essentiel à la croissance d’une petite entreprise, si elle veut avoir la moindre chance de réussir et de s’établir dans la durée. Nous n’avons pas un tel accès aujourd’hui. J’espère qu’il sera possible au Canada très, très bientôt.

Laurence Cooke: Quant à moi, je crois que la chose la plus importante à faire, c’est d’uniformiser les règles du jeu. Nous pouvons créer un écosystème sûr et fiable où plusieurs participants pourront se faire concurrence, et ainsi, stimuler l’innovation. Nous ne pouvons pas donner le monopole de l’innovation canadienne à cinq institutions. En ouvrant l’accès au chapitre de l’initiation des paiements, de l’accès au système, nous pourrions réinventer la manière de faire du commerce aujourd’hui, autant pour les consommateurs que pour les entreprises. Les prêteurs pourraient prendre de bien meilleures décisions grâce aux transactions riches en données, en voyant ce qu’achètent et vendent toutes les parties à qui ils veulent prêter.

Ben Harrison: Je pense que nous aimerions aussi voir un changement sous-jacent à tout cela : un ajustement de la priorité extrême accordée, à l’échelle nationale, à la stabilité financière. Il est hors de question d’écarter ce point, qui doit être mis en œuvre. Mais peut-être un subtil ajustement de cette priorité pour en accorder un peu plus à la concurrence et à l’innovation. De plus, il faudrait reconnaître que pour assurer la croissance et la prospérité du Canada, il faut créer plus d’entreprises comme nanopay, entre autres, et donner aux gens plus d’occasions similaires.

Justin Ferrabee: Eh bien, que d’optimisme et d’espoir! Et mon petit doigt me dit que ce n’est pas la dernière fois qu’on entendra parler de vous. Merci beaucoup.

Merci à tous ceux et celles qui nous ont écoutés aujourd’hui pour votre participation et votre engagement dans le secteur des paiements, et pour l’organisation d’une voix indispensable représentant le secteur de la technologie des paiements au Canada. Comme toujours, PayPod peut être téléchargé sur votre application de baladodiffusion préférée ou à paiements.ca. Participez aux discussions en ligne en tapant #paiementsmodernes. C’est tout le temps que nous avons pour cet épisode, mais écoutez-nous la semaine prochaine : nous continuerons d’explorer le monde des paiements.

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