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Épisode 3 : Payments for the Generations with Shannon Lee Simmons, Ceri Marsh & David Cravit

Ce troisième épisode porte sur les effets concrets qu’auront les innovations en matière de modernisation pour les Canadiens d’une génération à l’autre. Justin accueille la millénariale Shannon Lee Simmons, experte en finances personnelles, auteure et planificatrice financière; l’enfant de la génération X Ceri Marsh, auteure et journaliste indépendante, et le baby-boumeur David Cravit, vice-président de ZoomerMedia Ltd. Selon nos recherches, les Canadiens souhaitent pouvoir choisir parmi un plus grand nombre d’options de paiement sécuritaires, sécurisées, efficaces et fiables, mais chaque génération adopte ces méthodes à un rythme différent. Ce groupe d’experts examine ces variations intergénérationnelles, les défis qui se posent en raison du manque d’options, ainsi que certains traits communs surprenants.

Façons d’écouter les balados :

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Invités :

Shannon Lee Simmons, millénariale, et experte en finances personnelles, auteure et planificatrice financière
Ceri Marsh, auteure et journaliste indépendante
David Cravit, vice-président, ZoomerMedia Ltd

Écouter l’épisode

Transcription du podcast

Justin Ferrabee: À mesure que le numérique s’infiltre dans toutes les sphères de notre quotidien, il devient plus important que jamais de continuer d’évaluer l’incidence des changements sur nous, qu’ils soient bons ou mauvais, et de déterminer ce qu’il faut faire. Dans le monde des paiements, la transition vers les options numériques comme les transferts électroniques, les portefeuilles électroniques et les devises numériques accélère une grande partie des opérations quotidiennes et en accroît l’efficacité. Il reste cependant un grand nombre de défis et de questions à résoudre.

Bonjour, ici Justin Ferrabee, chef de l’exploitation de Paiements Canada. J’anime le balado PayPod, une série de plusieurs épisodes qui explorent de fond en comble l’ambitieuse mission de modernisation des paiements du Canada. Dans le dernier épisode, nous avons discuté de la modernisation dans le contexte des PME. Aujourd’hui, on traitera d’un autre sujet : les répercussions de la modernisation des paiements sur les différentes générations de Canadiens. Pour creuser la question, je reçois aujourd’hui des invités qui ont tous un point de vue différent sur la modernisation des paiements. Je suis en compagnie de Shannon Lee Simmons, experte en finances personnelles de la génération Y, auteure et planificatrice financière; Ceri Marhs, auteure et journaliste indépendante; et David Cravit, vice-président de Zoomer Live et de Zoomer U. Je suis ravi d’être avec vous pour cet épisode de PayPod.

Ceri Marsh: Je suis contente d’être ici.

Shannon Lee Simmons: Merci de m’avoir invitée.

David Cravit: Merci de m’avoir invité. J’ai bien hâte de participer.

Justin Ferrabee: Très bien, alors allons-y! Selon un récent sondage commandé par Paiements Canada, malgré l’existence d’options de paiement numériques, les méthodes traditionnelles comme les cartes de crédit ou de débit et l’argent comptant demeurent les plus populaires. Toutefois, plus de la moitié des Canadiens se disent prêts à adopter les paiements électroniques sur leur cellulaire. Vu qu’autant de gens sont ouverts à ce changement, pourquoi utilisent-ils encore les modes de paiement traditionnels, selon vous?

Ceri Marsh: Je pense qu’on aime ce qu’on maîtrise bien, surtout quand il est question d’argent. On grandit en utilisant des chèques et des cartes de crédit; c’est ce qu’on connaît, alors on s’y fie. Selon moi, c’est juste une question d’habitude.

Shannon Lee Simmons: Oui, c’est ce que je connais. J’aimerais aussi savoir combien de temps il a fallu aux gens pour passer de l’argent comptant aux cartes de débit ou de crédit, quand la transition s’est officiellement produite. Est-ce que la transition s’est faite à petit feu ou du jour au lendemain? Nous nous attendons peut-être à un changement rapide alors que les gens mettent beaucoup de temps à changer leurs habitudes entourant l’argent, parce que personne ne veut prendre le moindre risque à cet égard.

David Cravit: Je suis d’accord, et je pense aussi que les gens n’en savent pas assez sur les autres options de paiement. Ce n’est pas comme si, un jour, par magie, on arrive parfaitement à comprendre la nouvelle option et que tout le monde a une chance égale de la découvrir, mais que certains ne l’ont pas encore fait. Je crois plutôt que c’est progressif. Est-ce une nouveauté de ma banque? Selon moi, la plupart des gens se contentent d’explorer ce que leur banque leur offre. C’est comme ça qu’ils en viennent à changer leurs habitudes. Ma banque me permet de faire des transactions en ligne, alors je m’y mets. Cela dit, je pense que bien de gens connaissent mal les options à leur disposition, en quoi elles consistent et comment y accéder.

Justin Ferrabee: Et est-ce que vous utilisez tous principalement les modes de paiement classiques?

Shannon Lee Simmons: Si vous voulez dire les cartes de débit et de crédit, alors, oui, tout à fait.

Justin Ferrabee: Et l’argent comptant.

Shannon Lee Simmons: Pour être honnête, j’utilise à peine l’argent comptant. Chez moi, c’est difficile de trouver de la monnaie pour le transport en commun. Je préfère de loin utiliser ma carte de débit.

David Cravit: Moi, je dirais que je paie probablement 95 % de mes factures en ligne. Quand je vais dans un magasin ou au restaurant, je paie par carte de crédit, et de plus en plus par carte de débit. Donc, si je suis sur place, j’utilise une carte, mais je paie toutes mes factures en ligne, dans la mesure du possible.

Ceri Marsh: Je me sers de tout : débit, crédit, chèques, argent comptant. Je pense que ça dépend surtout de l’étape où j’en suis dans la vie. J’ai deux jeunes enfants, alors je dois trouver des deux dollars chaque semaine pour la journée pizza. J’ai aussi une gardienne, que je paie par chèque parce que c’est plus facile à gérer pendant la saison des impôts. Je pense donc que chaque étape de la vie vient avec une certaine façon d’utiliser l’argent. Et en ce moment, comme enfant de la génération X, je suis à l’étape où mon besoin, c’est d’avoir accès à toutes les options.

David Cravit: Je suis d’accord. Je pense aussi que c’est le cas des baby-boomers, qui ont des factures à payer à de grandes organisations, que ce soit des services publics ou de grands magasins. Ce serait pratique pour eux de les payer en ligne. Il faut aussi faire des chèques. Par contre, je n’utilise pas vraiment d’argent comptant. En fait, il y a peut-être même des semaines où je ne m’en sers pas du tout.

Justin Ferrabee: En effet. Et utilisez-vous votre cellulaire pour effectuer des transactions? Êtes-vous passés des services bancaires en succursale aux services en ligne, puis aux services bancaires mobiles?

David Cravit: J’ai installé l’application mobile de ma banque sur mon cellulaire et à moins que ce soit… Ce qui me rebute le plus des services bancaires mobiles, c’est de devoir entrer des informations sur un petit écran. C’est plus facile à voir sur mon ordinateur portable, mais je suis quand même assez à l’aise. J’ai d’ailleurs transféré des fonds sans problème ce matin avec mon cellulaire.

Ceri Marsh: Je suis tellement contente que vous ayez mentionné la taille de l’écran, car c’est exactement ce qui fait que je… [interférence 0 h 5 min 9 s]. Mis à part écouter des balados, il n’y a pas grand chose que j’aime faire sur mon téléphone, mais j’utilise mon ordinateur sans hésiter pour toutes mes opérations bancaires.

David Cravit: Oui.

Shannon Lee Simmons: Je fais presque toutes mes opérations bancaires sur mon téléphone. Une vraie millénariale!

Ceri Marsh: À votre âge, vous avez de bons yeux.

Justin Ferrabee: Pensez-vous que…? Il y a donc des opérations que vous faites sur un appareil mobile ou en ligne, et des paiements que vous réglez par carte. Vous pouvez aussi déposer des chèques avec votre téléphone, mais, au fond, vous faites tous vos paiements séparément. Pensez-vous que les modes de paiement modernes ne sont pas assez faciles à trouver ou à utiliser, ou qu’ils requièrent trop d’efforts ou encore qu’ils sont risqués? Est-ce comme être dans une voiture autonome? C’est-à-dire que même si elle fonctionne bien, vous n’êtes pas du tout à l’aise de céder le volant?

Ceri Marsh: En effet, je pense que c’est entre autres une question de risque, que ce soit justifié ou non. Même si le scandale de Facebook n’a rien à voir avec les services bancaires, je pense que ce genre d’incident fait douter les gens de la sécurité de leurs données et de leur argent. Il y a cette idée que tout n’est pas aussi sûr qu’on le voudrait le croire.

David Cravit: Je crois que ça revient vraiment au fait d’être informé. Dans mon cas – et j’ignore à quel point je ressemble ou non aux gens de ma génération –, je ne connais aucun autre moyen que les services bancaires en ligne pour payer mes factures. Mais je parle de factures. Au restaurant ou au magasin, je sors un bout de plastique. [Interférence 0 h 6 min 44 s]/

Justin Ferrabee: Vous avez quelques options, pourtant.

David Cravit: Mais je ne les connais pas. J’ai des factures récurrentes de certains commerçants et mes paies qui sont programmées dans mon compte. C’est très facile : je parcours la liste et je sélectionne à qui je veux envoyer le paiement. Je configure certains paiements récurrents, sur des cartes de crédit par exemple. Je ne sais pas quoi faire d’autre, alors ce n’est pas tant que j’ai écarté de meilleures options. C’est juste que je ne les connais pas, mais pas du tout. 

Shannon Lee Simmons: Je suis d’accord. C’est tout à fait vrai et je vais prouver vos deux arguments. Chaque fois que j’ai parlé à des clients ou même à mes collègues/ J’ai un ami qui travaillait sur un projet de portefeuille mobile, et tout le monde lui demandait : « Qu’est-ce que c’est? À quoi ça sert? Quelle est la proposition de valeur? Pourquoi ne pas simplement utiliser ma carte? » Si je dois sortir quelque chose de mon porte-monnaie ou de mon sac à main de toute façon pour payer, qu’est-ce qu’il y a de mal à sortir ma carte? » Je pense que les gens ne saisissent pas la valeur du portefeuille mobile ni les raisons de s’y intéresser.

Justin Ferrabee: Et il s’agit peut-être juste d’améliorations graduelles. Que j’utilise mon téléphone ou ma carte, c’est…

Ceri Marsh: Alors, à quoi ça sert?

Justin Ferrabee: Qu’est-ce qu’on y gagne?

Ceri Marsh: En effet.

David Cravit: L’autre chose, c’est le côté pratique. Vous pourriez bien dire que tout ce que je viens de dire, je pourrais aussi le faire avec un portefeuille mobile. Or, d’après mon expérience, je peux me connecter à mes comptes bancaires en ligne et voir tous les paiements versés à un fournisseur. Je peux chercher les paiements dans mon compte-chèques ou mon compte d’épargne et savoir quand j’ai fait mon dernier paiement et pourquoi. Je sais déjà comment faire tout ça, et ce n’est pas trop difficile ou incommodant de le faire sur mon ordinateur portable une ou deux fois par semaine. Alors, je ne vois pas bien l’intérêt des paiements mobiles. Encore une fois, il s’agit d’être informé.

Ceri Marsh: Je pense qu’il y a un autre problème, que j’ai constaté tout à l’heure quand on discutait avant le début de l’enregistrement. C’est le manque d’uniformité de la terminologie. Pour certains, un portefeuille, c’est l’endroit où ils mettent leurs billets d’avions ou de concert et peut-être des documents bancaires. Selon moi, beaucoup de gens utilisent l’expression « portefeuille mobile », mais je doute qu’elle ait le même sens pour tout le monde.

David Cravit: Vous avez sans doute raison. Ce que j’ai compris, c’est qu’il s’agissait d’une plateforme qui permet d’utiliser des cartes de crédit virtuelles au lieu des cartes de plastique.

Justin Ferrabee: Oui, on peut aussi parler d’un portefeuille de cryptomonnaie, car il contient réellement de l’argent.

David Cravit: J’ai vu des gens payer avec leur téléphone au lieu de sortir une carte de crédit, alors je suppose qu’ils se disent qu’il vaut mieux ne pas trimbaler tout ce plastique sur soi et plutôt tout encoder sur leur téléphone et présenter leur écran. Peut-être que je me trompe et que ce n’est pas du tout ça. Mais quand il est question de payer des factures, surtout pour l’électricité, Enbridge ou un grand magasin, je n’ai pas besoin des paiements mobiles.

Justin Ferrabee: Oui. Vous dressez un bon portrait de la situation actuelle. On voit qu’il y a diverses options et que nous sommes dans une période de transition. Il y a du vieux et du neuf. Certains moyens sont meilleurs que d’autres pour payer une gardienne. Et chacun s’adapte selon ses habitudes et l’étape où il est rendu dans sa vie. Et si on commençait à envisager l’avenir, et qu’au lieu de se dire que notre objectif, c’est de se débarrasser des cartes, on réfléchissait plutôt aux possibilités des paiements? D’ailleurs, nous avons commencé à analyser l’idée de l’argent programmable. Supposons que je gère mes finances d’une paie à l’autre; je ne voudrai pas nécessairement y adhérer. Je voudrai pouvoir maîtriser les opérations de mes comptes et éviter qu’il y ait des prélèvements automatiques dont j’ignore la date ou le montant ou qui soient traités en double pour une raison ou une autre.

Par exemple, je pourrais empêcher le paiement de ma facture de Rogers si mon solde est inférieur à 200 $. Un employé de Rogers devrait alors me demander si j’autorise le prélèvement, et je pourrais répondre « oui » ou « non ». Je n’aurais alors qu’à effectuer les paiements sur mon téléphone, ou encore à programmer des règles. Si X se produit, alors Y doit se produire. Si je reçois ma paie le jour même, il faut reporter mon paiement deux jours plus tard. Je peux aussi décider que si mes dépenses au restaurant atteignent une certaine limite, je ne peux plus y retourner pour un certain temps, ou quelque chose du genre. On peut donc commencer à établir des limites qui préviennent les insuffisances de provision ou les situations semblables. Est-ce que ces possibilités pourraient vous intéresser?

Shannon Lee Simmons: Oui, ce serait super! Et je pense que ce serait génial d’outiller ceux qui souhaitent bien gérer leurs finances pour les aider à mettre leurs décisions en pratique au bon moment. Il arrive souvent que quelqu’un quitte mon bureau en disant : « Je vais faire ça ». Mais les bonnes intentions peuvent disparaître. Si on y pense encore en arrivant à la maison, et que c’est maintenant que ça se passe, il faut se demander si on veut vraiment prendre une décision financière. C’est une façon d’être conscient de ses choix et de se dire « Je suis sur le point de prendre une décision financière. Je devrais peut-être y réfléchir. » Alors, ça pourrait être…

Justin Ferrabee: Est-ce une bonne chose ou non?

Shannon Lee Simmons: Tout à fait. Ça pourrait être une façon géniale d’inciter les consommateurs à mettre en pratique leur stratégie de planification financière au quotidien, et c’est d’ailleurs comme ça que la planification financière fonctionne, n’est-ce pas? Elle fait partie de notre quotidien.

Justin Ferrabee: Elle donne aussi de la rétroaction, s’il y a un trop grand délai entre les opérations effectuées et la réception du relevé. En ce moment, je reçois mon relevé bancaire 30 jours plus tard. Je le lis, et je me dis « Oh non! Je n’aurais pas dû faire ça. »  J’aurais dû... J’aurais pu... Grâce à l’information, on pourrait mettre nos décisions en contexte.

Shannon Lee Simmons: Oui, et favoriser un changement de comportement en même temps.

David Cravit: Mais combien de gens attendent leur relevé bancaire?

Justin Ferrabee: Peut-être pas tant que ça.

David Cravit: Nous les baby-boomers, nous sommes les plus vieux et serions censés être les plus prudents et les moins technophiles, mais c’est faux. En fait, j’ai accès à mon relevé bancaire en tout temps.

Justin Ferrabee: En ligne. Oui, c’est vrai.

David Cravit: Oui. Alors, où est-ce que je me situe? Qu’est-ce que j’ai? Qu’est-ce que je veux faire? Changer mes façons de faire ou pas?

Ceri Marsh: Ces stratégies seraient très avantageuses pour moi comme travailleuse autonome. Je ne peux pas prévoir mes revenus; ils changent toujours. Et ce n’est un secret pour personne : le monde de la pige est en croissance, alors il va y avoir de plus en plus de pigistes. Selon moi, de telles options leur seraient particulièrement avantageuses. Pour un travailleur autonome, l’un des plus grands défis de la planification financière, c’est de composer avec l’imprévisibilité. Je ne reçois pas ma paie le 15e jour du mois, alors j’attends de l’avoir reçue avant de planifier mes paiements. C’est toujours un peu comme si on naviguait dans l’incertitude, ce qui cause beaucoup d’anxiété.

Justin Ferrabee: On tente de faire évoluer les paiements pour qu’ils se fassent à l’arrière-plan des activités commerciales, c’est-à-dire pour que les gens puissent mener une vie normale sans avoir à s’en soucier. Comme vous l’avez dit, les paiements sont invisibles. Je veux pouvoir gérer ma vie et effectuer mes paiements comme je l’entends sans devoir m’arrêter pour le faire. Prenez par exemple le magasin Amazon aux États-Unis où on peut simplement prendre un article et partir sans avoir à s’occuper du paiement, qui se fait automatiquement, et il y a… Oh, j’entends tout un soupir! Alors, comment est-ce que ça fonctionne? Qui a accès à mon compte? Est-ce que l’idée de paiements en arrière-plan vous intéresse? Je vois vous hocher de la tête.

Shannon Lee Simmons: Non!

Justin Ferrabee: Qu’est-ce que... Vous deux. Très bien…/

Shannon Lee Simmons: Je suis d’accord avec l’idée qu’on peut vouloir profiter d’une technologie qui nous simplifie la vie, et que ce ne devrait pas être un parcours semé d’embûches. Ce qu’on veut, c’est une transition en douceur. Mais l’idée de pouvoir faire des achats sans même passer à la caisse… Chaque jour, je suis au cœur de la planification financière de gens. Je les accompagne dans leur quotidien et laissez-moi vous dire que cette option nous mènerait droit au désastre parce que nous sommes des êtres humains et que nous avons des moments de faiblesse. Si on pouvait faire des achats sans avoir à s’arrêter une seconde à la caisse ou pour prendre conscience de ce qu’on s’apprête à faire, on aurait le champ libre pour dépenser à l’excès. Si tout fonctionnait par débit, c’est une chose. Mais qu’est-ce qu’on fait quand on a dépensé tout son argent et qu’on doit payer le loyer le lendemain? Et si on se sert de cartes de crédit, alors il pourrait n’y avoir aucune limite. Et comme humains, nous sommes capables d’ignorer des informations utiles. On aurait beau recevoir une alerte du genre « Vous ne devriez pas sortir du magasin en ce moment. » Tant pis!

Justin Ferrabee: Mais vous ne pouvez pas vous le permettre.

Shannon Lee Simmons: Je pourrais sortir du magasin et faire ce que je veux, et je n’aurais même pas à craindre d’avoir une insuffisance de provisions sur ma carte de débit. C’est quelque chose, non? C’est pourquoi je pense que, pour la gestion des finances personnelles, un moment de lucidité ou de malaise peut faire économiser beaucoup d’argent et éviter bien des problèmes à long terme.

Justin Ferrabee: Alors c’est un outil de gestion. Le dérangement du paiement est un outil de gestion des finances.

Shannon Lee Simmons: Pour les finances personnelles, absolument.

Ceri Marsh: Et ce n’est pas étonnant que les grandes entreprises ou les grands détaillants souhaitent simplifier les paiements.

Shannon Lee Simmons: C’est vrai.

Ceri Marsh: En effet.

Justin Ferrabee: Je perçois un peu de méfiance.

Ceri Marsh: Eh bien, c’est certain que, si j’étais à la tête d’Amazon ou de Whole Foods, par exemple, je voudrais que les gens puissent dépenser le plus facilement du monde, sans obstacle.

Shannon Lee Simmons: En effet.

Ceri Marsh: Ce serait mon but.

Justin Ferrabee: Mais c’est parfois pratique, non? Le système de paiement d’Uber a grandement facilité l’utilisation de ses services, et c’est en partie ce qui fait son succès. Et Airbnb qui simplifie l’arrivée et toutes les stratégies de ce genre, n’est-ce pas la preuve que, parfois, la simplification fonctionne?

Ceri Marsh: Eh bien, avec Airbnb, on sait d’avance combien on va dépenser. Alors, oui, si c’est facile, tant mieux. Tout est déjà décidé : « Je vais rester à tel endroit. Ça va me coûter 140 $ la nuit », ou quelque chose du genre. Je ne pense pas que ce soit la même chose qu’être dans un magasin et qu’utiliser sa carte au maximum avec/

Justin Ferrabee: Sans savoir combien ça coûtera?

Ceri Marsh: Eh bien, peut-être pas tout à fait, mais plutôt, comme Shannon le disait, sans s’arrêter une seconde pour se demander : « Est-ce vraiment une bonne idée d’acheter ça? »

Shannon Lee Simmons: Est-ce que je peux me le permettre?

Ceri Marsh: Est-ce que je peux me le permettre?

David Cravit: Eh bien, ici, je pense qu’il y a une différence entre les générations, car les effets à long terme dont vous parlez seront beaucoup plus bénéfiques pour les générations plus âgées. Ce sont des épargnants prudents. Ils surveillent leurs dépenses de plus près. Je pense aussi que, dans le cadre de cette discussion, il faut établir une distinction entre ce qui est souhaitable et ce qui ne l’est pas. Je suis d’accord avec vous pour dire que, du point de vue de la planification financière, il ne faut pas aller au magasin et en sortir sans savoir combien on a dépensé. Mais ce qui est souhaitable et ce que le marché veut, ça ne concorde pas toujours. Les consommateurs plus âgés recherchent sans cesse la commodité. Ils veulent que tout se fasse sans effort, que le paiement se fasse et que tout soit réglé et intégré à leur outil de planification financière.

Si vous pensez qu’on va simplement aller chez Amazon et payer sans passer à la caisse, attendez de voir la suite. Imaginez dans 10 ans… Amazon travaille présentement sur… Prenons plutôt Walmart. Leur camion va venir vous livrer les articles que vous aurez commandés directement chez vous. Vous ne mettrez plus les pieds dans le magasin; c’est lui qui viendra jusqu’à vous. Dans les congrès du secteur des dépanneurs, on entend des conférenciers dire que, dans 15 ans, les drones n’appartiendront pas tous à Amazon, mais à monsieur et madame Tout-le-Monde. On va envoyer notre propre drone au magasin pour qu’il rapporte les articles qu’on aura déjà payés. Dans une société où les gens vivent de plus en plus vieux et où le groupe d’âge qui croît le plus vite, c’est celui des centenaires, la mobilité est un défi. C’est difficile de sortir de chez soi et d’aller au magasin, surtout l’hiver. Plus les choses peuvent venir à moi en douceur et sans souci, le mieux c’est. Je prédis d’ailleurs que ce groupe d’âge sera le marché le plus important. C’est paradoxal, je le sais. [Interférence 0 h 17 min 52 s]

Justin Ferrabee: Très intéressant. C’est génial! [Interférence 0 h 17 min 54 s] Non, j’adore ça. Vraiment.

David Cravit: Ce sera votre plus gros marché. Je suis assis à la maison et je veux que tout soit livré chez moi. Mais pas de souci : je sais où se trouvent mon argent et mes outils de planification.

Shannon Lee Simmons: C’est l’argent, le secret. Vous en avez, vous, les baby-boomers. Ils en ont [Interférence 0 h 18 min 2 s]

David Cravit: Comme l’outil de planification [Interférence 0 h 18 min 3 s]. Mais je veux que l’outil de planification le fasse pour moi, qu’il trouve une solution. Je peux rester assis, et que tous mes articles soient livrés chez moi parce que je ne veux pas prendre ma voiture.

Justin Ferrabee: Et vous voulez que l’outil de planification gère aussi les drones.

David Cravit: Je conduis dans la neige et… Qui veut/

Justin Ferrabee: Et maintenant, pour aller plus loin, que pensez-vous de la cryptomonnaie et des bitcoins, par exemple? Feriez-vous confiance à ces modes de paiement?

Shannon Lee Simmons: Vous voulez dire sa technologie ou l’idée de cryptomonnaie en tant que valeur stockée que je peux acheter… avec laquelle que je peux en fait acheter quelque chose/

Justin Ferrabee: La deuxième option. Vous avez un compte bancaire. Auriez-vous alors aussi un compte de cryptomonnaie, si c’était simple et pratique? Verriez-vous une différence entre les deux devises?

Ceri Marsh: Non. En fait, je ne peux pas prétendre que je comprends vraiment le concept ou que je me suis beaucoup renseignée sur le sujet. Mais je pense que l’argent est un concept, et la cryptomonnaie aussi, et si ça devient la monnaie courante, ça me va. Vous souvenez-vous du personnage du livre Le Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes des années 1960? Bien, je ne suis pas comme le personnage : je n’ai pas besoin de savoir comment le micro-ondes fonctionne pour m’en servir. Si les gens utilisent la cryptomonnaie, je vais le faire aussi. Je n’ai pas besoin de saisir les moindres détails.

David Cravit: Oui, je suis d’accord. C’est comme voir le logo de MasterCard ou de Visa dans la vitrine d’un magasin. Nous acceptons Visa. Si on accepte une cryptomonnaie, si ça devient une unité d’échange… N’oubliez pas qu’on parle ici de l’utiliser pour payer, pas pour faire de la spéculation.

Justin Ferrabee: C’est vrai. Ce n’est pas un investissement.

David Cravit: Ce n’est pas un investissement, sinon c’est une tout autre question. Mais si quelqu’un accepte la cryptomonnaie, alors il l’accepte. Si je peux aller au magasin et payer en cryptomonnaie, alors pourquoi pas?

Shannon Lee Simmons: Je suis d’accord. Si c’était une unité de valeur, comme une valeur stockée que tout le monde accepte comme monnaie d’échange, ce serait quelque chose. Ma seule crainte, je crois, serait sa volatilité. Et comment sait-on ce que les gens… Le fait qu’on l’accepte aujourd’hui, mais peut-être pas demain, ou encore que sa valeur puisse valoir 10 fois plus le lendemain, ou diminuer. Selon moi, la volatilité de la cryptomonnaie, qui nous empêche de savoir quelle valeur elle aura d’un jour à l’autre, c’est la seule raison qui me retiendrait de l’utiliser comme devise. J’écarte ici la question des investissements.

Ceri Marsh: Les plus conservateurs, ce sont les millénariaux.

Justin Ferrabee: Oui, curieusement.

David Cravit: Je pense que ça s’appliquerait partout. C’est encore trop tôt. Peut-être que dans 20 ans, ça deviendra…

Justin Ferrabee: Et je suppose qu’il faut se poser des questions sur le contexte comme « quoi? » et « combien? », disons.

David Cravit: Et à quel point est-ce facile de faire la transition? Alors, si ça devient/

Ceri Marsh: Oui. Est-ce que c’est interchangeable?

David Cravit: Par exemple, je pourrais payer quelque chose en dollars américains. Je pourrais avoir un compte en dollars américains comme consommateur, et non comme spéculateur. Même si le solde fluctuait de quelques cents par année par rapport au dollar canadien, je ne suis pas en train de spéculer… J’ai juste quelques milliers de dollars américains pour différentes raisons. Je vais à Buffalo à l’occasion. Ce n’est pas le taux de change qui va m’appauvrir. Si la cryptomonnaie devenait aussi interchangeable et que je décidais d’en acheter quelques milliers de dollars [Interférence 0 h 21 min 13 s] comme astuce, tout va bien, mais je ne pense pas que les gens… Dès qu’on en achète une certaine quantité et qu’on investit là-dedans, c’est/

Justin Ferrabee: C’est volatile. Et puis, c’est [Interférence 0 h 21 min 20 s]/

David Cravit: Alors on n’en achèterait pas plus qu’on achèterait des dollars américains. Quelqu’un qui va souvent aux États-Unis en garderait peut-être quelques milliers. Mais si on compte acheter, il vaut mieux aller à la banque pour déposer l’équivalent de 100 000 $ en billets verts et s’assurer que l’argent ne perdra pas beaucoup de valeur, car ça pourrait faire mal.

Justin Ferrabee: Est-ce que l’un de vous cache une liasse de billets quelque part? On ne va pas essayer de trouver votre cachette, mais je me demande s’il vous arrive de vous inquiéter de [Interférence 0 h 21 min 42 s]. On dépend de l’infrastructure électronique, alors s’il y avait des problèmes pendant un certain temps, que feriez-vous? Avez-vous une réserve d’argent ou pensez-vous que quelqu’un réglera le problème si ça/

Ceri Marsh: Sous le matelas, par exemple?

Justin Ferrabee: Ou dans votre congélateur. Ça m’est égal.

Ceri Marsh: Non, je ne cache pas d’argent, mais mon mari, oui, et je sais où. Il est un peu paranoïaque. Alors oui, c’est lui qui a songé à ce scénario. Je serais plutôt du genre à dire « Tout est beau. On n’en aura jamais besoin. » Mais nous avons... [Interférence 0 h 22 min 14 s] Nous avons une petite boîte en métal à la maison, alors s’il arrive quelque chose, venez-nous voir; on va pouvoir vous aider.

Shannon Lee Simmons: Je conserve toujours 500 dollars en argent comptant chez moi pour les imprévus. Ma mère a toujours appelé ça « le fonds d’urgence », et m’a inculqué cette habitude. L’argent est là. Il n’y en a pas assez pour faire de grosses dépenses et que ça ait de graves conséquences, mais l’argent est là au cas où on aurait besoin de 500 dollars rapidement pour une raison ou une autre, par exemple pour s’enfuir quand ce sera l’apocalypse zombie.

Justin Ferrabee: Juste assez d’argent pour aller assez loin.

Shannon Lee Simmons: Oui.

David Cravit: C’est intéressant, ça fait écho à ce qu’on disait plus tôt sur l’invisibilité. Les institutions auxquelles on se fie, c’est-à-dire la Banque du Canada, les banques et les ministères des Finances, nous ont donné l’impression, qui est peut-être tout à fait juste – je n’accuse personne –, que rien ne peut mal tourner. Ça remonte au temps de mes arrière-grands-parents, quand les opérations quotidiennes se faisaient sur papier. Les banques encaissaient les chèques manuellement dans une pièce à la fin de journée, pour ce que j’en sais. Le système de l’époque était censé être à l’épreuve de tout, et tout le monde s’y fiait. Si c’est faux, je pense qu’on a de gros problèmes qui ne se règlent pas avec un bas de laine.

Justin Ferrabee: Oui, et je tiens à vous rassurer : le système est sûr.

David Cravit: Oui.

Shannon Lee Simmons: Nous ne sommes pas dans La servante écarlate.

Justin Ferrabee: Je suppose que non [Interférence 0 h 23 min 37 s]

Ceri Marsh: Votre carte de débit ne fonctionne pas.

Shannon Lee Simmons: Qu’est-ce qui se passe?

David Cravit: Parce qu’il y a des redondances, je crois, et des choses qui sont conçues/

Justin Ferrabee: En effet, tout est planifié. Il y a beaucoup de planification pour assurer la continuité des activités. Ce n’était qu’une question sur votre suspicion ou votre tolérance au risque et sur ce que vous faites, entre autres. C’était…

David Cravit: Oui.

Justin Ferrabee: Passons maintenant à la scène internationale. Voyons ce qui se passe ailleurs dans le monde et comment vous vous sentiriez si la même chose se passait chez nous. Allons d’abord en Orient. Prenons l’exemple de WeChat et d’Alipay en Chine. Ces plateformes dominent les systèmes des paiements avec des taux de pénétration d’au moins 70 ou 80 %. Les gens se servent de WeChat pour recevoir des paiements et payer leurs impôts. La plateforme est partout. Elle est omniprésente, accessible, fluide et simple. Tous les paiements passent par un même endroit, un peu comme un Facebook réservé aux paiements et à quelques autres choses. Que diriez-vous de la voir apparaître ici?

Ceri Marsh: Comme auteure indépendante, j’ai des clients aux États-Unis et en Europe. Je voyage pas mal en Europe, alors je ne dirais pas non à une plateforme qui facilite la réception et l’envoi de paiements. Souvent, quand on achète quelque chose en Europe, les gens veulent qu’on paie par virement électronique, car c’est très simple là-bas. Mais ça coûte très cher au Canada. Quand un client américain m’envoie un paiement, il y a souvent bien de la paperasse à remplir. Je serais ravie qu’un outil allège les transactions internationales. Pas vous?

David Cravit: Si je faisais des transactions internationales comme vous, je pense que oui, mais sinon, ma banque m’offre déjà tous ces services.

Justin Ferrabee: Oui, ce n’est pas très [Interférence 0 h 25 min 23 s]/

David Cravit: Mes revenus sont déposés automatiquement dans mon compte bancaire, qui envoie des fonds un peu partout, y compris aux États-Unis. Je dirais qu’environ 85 % des achats de ma famille se font en ligne et, de plus en plus, ça comprend la nourriture. On peut tout programmer sur la carte de crédit, la carte de débit ou par paiement électronique. Je ne vois pas ce que Alipay m’offrirait de plus. C’est mon… Cela dit, si je devais faire des paiements à l’étranger, peut-être [Interférence 0 h 26 min 2 s], mais c’est un faible pourcentage du marché. Je me demande quelle autre fonctionnalité on pourrait m’offrir, parce que j’ai déjà un guichet unique pour recevoir et envoyer des paiements/

Justin Ferrabee: Grâce à votre banque, avec votre fiducie.

David Cravit: Grâce à ma banque, maintenant.

Justin Ferrabee: D’accord. Excellent. Allons maintenant en Occident. Il y a des services bancaires ouverts en Europe, dont une version qui s’applique qu’aux paiements. Donc, les données sur les paiements, on est en train de découvrir qu’elles peuvent nous apprendre des choses. Pour ce qui est des applications, dans les marathons de programmation, des gens ont trouvé d’excellentes façons d’utiliser les données sur les paiements, y compris des idées très sérieuses. Par exemple, si vous souffrez d’une maladie mentale ou d’un autre problème de santé, vos paiements pourraient suivre un modèle. Et si vous ne le respectez pas, une alerte serait envoyée à un proche aidant, qui pourrait intervenir. Ce serait un excellent moyen de comprendre les comportements et d’aider les gens à maintenir leurs bonnes habitudes. C’est une visée très utile, et il y a un bon nombre d’idées du genre.

Il y a aussi des idées plus novatrices, mais qui sont révélatrices. On croit que les données sur les paiements en disent tellement long sur les gens. Certains ont même suggéré – en fait, peut-être que des gens y travaillent ou que ça existe déjà – de créer une application de rencontres à partir des données sur les paiements. L’idée, c’est qu’on donne une image plus fidèle de soi-même en montrant comment on dépense ses sous qu’en rédigeant un profil selon nos valeurs ou d’autres moyens. Qu’en pensez-vous?

Shannon Lee Simmons: Ça me donne envie de pleurer. C’est tout à fait vrai. Les données sur les paiements dévoilent absolument tout sur nous, les bons comme les mauvais côtés. Mais ça ne donne de chance à personne. Tout le monde va rester célibataire. On formerait des couples avec Oracle ou quoi? J’imagine qu’une personne ayant une très mauvaise cote de crédit serait jumelée avec quelqu’un qui a une cote tout aussi mauvaise juste parce que les deux aiment visiblement gaspiller leur argent sur les mêmes choses. Sur le plan financier, on aurait donc des couples voués à la catastrophe et d’autres qui réussiraient avec brio. Et que ferait alors la sélection naturelle? Je ne sais pas. Je fais des blagues, mais je suis tout de même inquiète de ce qu’on pourrait faire de toutes les données accumulées sur les paiements, même s’il y avait du positif. Ce sont des renseignements très délicats, peut-être même les renseignements les plus personnels qu’on peut avoir sur quelqu’un. On peut savoir comment les gens agissent réellement dans l’intimité et j’ai peur que ce genre d’information se retrouve entre les mains de quelqu’un d’autre.

Ceri Marsh: Mais je peux aussi imaginer que l’idée devienne archipopulaire. Je suis d’accord avec tout ce que vous avez dit. C’est/

David Cravit: Bien sûr, c’est sous-entendu qu’il faut être volontaire. [Interférence 0 h 28 min 46 s] Il faut d’abord que la personne donne son consentement.

Justin Ferrabee: C’est vrai.

David Cravit: Alors, pour moi, ce n’est pas un problème. Ce ne sont que des informations personnelles qu’on choisit de divulguer ou pas en fonction du destinataire et de ce qu’on pense qu’il va en faire. Si on fait connaître nos sports préférés et nos inclinations sexuelles, pourquoi pas aussi nos habitudes de paiement, si on en a envie et que c’est transparent?

Ceri Marsh: Je pense que ça pourrait des conséquences plus sérieuses que ça. En fait, ça clarifie comment beaucoup de gens se sentent par rapport aux classes sociales, c’est-à-dire qu’ils veulent rester dans la classe dans laquelle ils sont à l’aise.

Shannon Lee Simmons: Oui.

Ceri Marsh: C’est une façon de parler de classes sociales sans aller droit au but. C’est pour ça que je pense que ça attirerait beaucoup de gens. Ils veulent rester dans leur zone de confort.

Justin Ferrabee: C’est aussi intéressant que votre première réaction ait été de dire à quel point c’est personnel.

Shannon Lee Simmons: C’est très personnel.

Justin Ferrabee: Les finances personnelles, c’est très révélateur et très personnel. C’est intéressant que…

Shannon Lee Simmons: Ce n’est pas tant de savoir combien on gagne, mais comment on dépense. C’est ce qui est le plus personnel.

Justin Ferrabee: Les choix. C’est parce que ça reflète nos choix.

Shannon Lee Simmons: Notre comportement, oui.

David Cravit: Si on veut prédire ce qui va se passer, je vois deux tendances possibles. On a déjà estimé que le tiers des profils LinkedIn et le quart des profils Facebook sont mensongers. Les gens vont se créer de faux profils de dépenses et de fausses identités. Ils vont se donner une nouvelle image virtuelle. Nous vivons déjà dans un monde d’avatars, de sites Web virtuels et de personnes qui passent la majorité de leur temps en ligne, sous une fausse identité. Ce sont surtout des gens aux prises avec des difficultés sociales. Alors je pense que les risques entourant les paiements seront élevés en fin de compte. Vous supposez que toutes les données recueillies sur les gens seront authentiques? Et si on tente de déjouer le système, que se passera-t-il?

Je sais que je prends un risque en disant ça, mais l’autre chose qui s’en vient selon moi – on en a déjà parlé –, c’est la création de groupes d’affinités par les consommateurs. Qu’est-ce qui se passerait si un million de personnes fortunées se réunissaient et disaient à Facebook : « On va facturer nos données. On ne va pas vous les donner. Vous ne pouvez pas mettre de témoins sur nos ordinateurs. Si vous voulez le faire, ce sera 5 dollars. » Ça s’en vient. Les gens vont en prendre conscience. Comme l’a dit le chef de la direction d’Apple au sujet de Facebook, « le produit d’Apple, c’est l’iPhone; celui de Facebook, ce sont les utilisateurs. Alors pourquoi leur fournir leur produit gratuitement? »

Un jour, les consommateurs vont trouver un moyen de se regrouper et de facturer ce privilège aux institutions. Le moment venu, soyez attentifs aux possibilités de former des groupes d’affinités, d’achat ou de consommateurs et de dire : « Si vous voulez mes données, vous devrez payer pour les avoir. » Ensuite, les coûts des études de marché vont monter en flèche. On est tous en train de se faire avoir. On laisse les entreprises prendre nos données sans payer et les revendre. Pourquoi donc?

Justin Ferrabee: Bon point. Merci à tous de nous avoir fait part de vos judicieux conseils et commentaires et de nous avoir permis d’observer de plus près les effets de l’évolution des paiements sur chaque génération au Canada. Nous voilà déjà à la fin de cet épisode de PayPod, mais nous vous invitons à vous joindre à nous pour le prochain, où nous continuerons d’explorer l’univers des paiements. Vous pouvez écouter la série au www.paiements.ca et participer aux discussions en ligne en tapant #paiementsmodernes.

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